Jeudi 12 novembre : mon journal, et quelques mots en langage ordinaire …

Fin de commémoration : Hier, les trois ou quatre édiles chargés de cérémonie dans mon village furent à peine dérangés par mon épouse au retour de son footing matinal.

A Paris, on a déterré un académicien, voix modérée des héroïques poilus, pour porter son cercueil au Panthéon. Discours sans grande portée, vite oublié. Le soir, une chaîne de télé rediffusa les aventures et drôleries de la 7° compagnie… La page était tournée …

 

Je n’ai guère entendu parler de 14-18 chez moi :  le frère de ma maman y avait laissé la vie : elle n’en parlait guère …. Toutefois, un jour, vers ses 90 ans, elle me raconta cette triste marche entre Loulle et Bonlieu, après le décès subit de leur père : fromager du village, il fallait vite le remplacer et laisser la place. Derrière la charrette, elle, toute petite fille, lui, le grand frère et sa main qui la soutenait… Sa main dans la sienne et toute une vie à s’en souvenir …. Cette guerre ne fit pas qu’un million de morts : ce fut un million de familles, une génération entière, marquée à jamais dans le cœur et l’esprit : Inexpiable horreur….

 

 

 

Pour revenir à nos moutons et à notre confinement ordinaire : en fait, les moutons c’est nous : faire gaffe à la contamination, c’est une chose … mais suivre à la lettre des injonctions de caporaux, des règles sans portée ou superflues en est une autre. Le caporal de service, ci-devant ministre des polices, montre les dents : la chasse aux attestations mal rédigées est ouverte …. Je plains les policiers ou gendarmes « normaux » chargés d’appliquer à la lettre et avec rigueur ce genre d’obligation stupide et choquante en droit. Outre le fait que ce truc nous fait une vie impossible, on peut quand même douter de sa valeur. Un des principes du droit, c’est que nul ne peut se constituer de preuve à lui-même : donc la fameuse attestation que l’on s’écrit ou imprime soi-même, tant de fois, chaque jour que Dieu fait, n’a pas plus de valeur que la parole que l’on pourrait donner au gendarme chargé de modérer nos déplacements. Exit donc, l’obligation d’attestation écrite. Quant à la limite kilométrique à nos exercices nécessaires (selon la faculté) et quotidiens, outre qu’elle n’existe que dans notre seul pays, elle peut être difficilement tenue, dans sa forme et dans son étroite limite, comme « strictement nécessaire et proportionnée aux risques sanitaires encourus et appropriée aux circonstances de temps et de lieu » … Elle sort donc de l’habilitation prévue par la loi autorisant les mesures propres à l’état d’urgence sanitaire… Je ne vois pas comment on peut la juger légale …. En plus, la seule chose que l’on devrait ou pourrait conseiller, c’est bien d’entretenir sa forme par une pratique sportive ou physique assidue et, accessoirement, pour les gens des villes, de prendre leur bagnole pour aller faire leur footing ailleurs que dans des rues ou jardins déjà sur-fréquentés. 

 

Alors, dire que l’on ne doit courir que dans son jardin, porteur d’un papier établi de sa main est difficilement une chose « nécessaire et proportionnée » …  Au fait, l’action accomplie par tout agent public en dehors des règles établies était qualifiée couramment de forfaiture (c’est juste une parenthèse, à l’intention de notre petit Papon de synthèse…)

 

 

 

En résumé, pour aujourd’hui : la grogne, on est vraiment trop cons… et le regret d’être né de ce côté-ci des montagnes jurassiennes.