jeudi 22 octobre : avant de revenir à nos virus...

Avant de revenir à nos virus habituels, une chronique n'en serait pas une si elle ne parlait pas de ce dernier drame ... Désolé pour le ton de celle-ci ..

Le royaume était en grande douleur : un estimable précepteur, voulant illustrer les bons principes de nos philosophes des Lumières, avait présenté à ses élèves quelques plaisantes caricatures se moquant de religion. Un sarrazin fanatique lui avait tranché le col. S’en était suivi une totale sidération, comme si le temps avait reculé de plusieurs siècles, nouveau triomphe de guerres religieuses et retour de massacres d’infidèles, tels juifs et musulmans de la première croisade.

 

C’était désormais les sarrazins que l’on craignait. Il est vrai que, parmi eux, il en était de nombreux qui rejetaient Soufis et lettrés pour revenir aux usages et pratiques du premier millénaire. Pour eux, la règle était de grande rigueur, la loi civile était rejetée au profit de leur doctrine, et ils se devaient de rassembler tout le troupeau humain sous la seule bannière de leur église.

 

Si les plus fortunés et puissants de cette chapelle, désireux de s’intégrer dans les institutions et commerces communs, en modérait les excès et parlaient de prêcher plutôt que contraindre, il en existait de très excessifs, plus désireux d’éliminer et combattre ceux qu’ils disaient mécréants que de leur enseigner.

 

Entre ces extrêmes, faute d’un clergé reconnu, administré et hiérarchisé, il existait beaucoup de chapelles et prêcheurs, souvent soutenus par les richesses des princes d’Arabie. Les unes prêchaient seulement une plus grande rigueur, mais quelques autres incitaient à la lutte contre l’infidèle. Ces exaltés avaient fait de grands massacres pendant de longues années dans les contrées de l’autre rive.

 

L’affaire se répandait dans la vieille Europe et quelques prêcheurs, s’adressant à de méchantes âmes, simples et souvent meurtries, appelaient aux crimes les plus odieux. Niant, se cachant au milieu de leurs paisibles coreligionnaires, il était difficile de prévoir leurs démoniaques et méphitiques actions.

 

 

Douleur passée, on se disputa pour savoir ce qu’il convenait de faire… Ce ne furent que sinistres et odieuses bavasseries entre chefs de clans ou chroniqueurs politiques. Pour les autres, faute de savoir distinguer le bon grain de l’ivraie, de savoir qui aimer ou craindre, on déplorait ces insignifiantes querelles, tout comme ces sinistres et trop formelles commémorations auquel le Roi même apportait peu. On craignait les futures larmes, les prochains drames.

 

L’esprit de nos révolutions, liberté pour tous, jusqu’à la lettre de nos constitutions, perdaient leur éclats, atteints à cœur autant par la louable volonté d’accueillir et vivre avec nos semblables d’autres cultures et celle, détestable, de ménager, pour commercer, les puissants cheiks d’Arabie.

 

 

On regrettait leurs lettrés anciens et l’heureuse époque où, pour vivre en harmonie, seuls de petits arrangements, qui n’étaient que politesses réciproques, faisaient l’affaire.