Vendredi 9 octobre : les nez s'allongent

Face au retour du Mal, le Roi mit en avant son médecin et son grand argentier.

 

On apprît peu de choses du premier : la maladie avançait et les progrès des savants et carabins n’étaient qu’ espoirs lointains. Il parla de quelques capitales provinciales qui étaient plus touchées que les autres et décréta la fermeture de leurs cabarets. Il fallait donner du poids à sa lutte contre le mal, défendre ses édits et interdits, et, par là même, reporter la charge d’une reprise de l’infection sur la seule imprudence des sujets.

 

Du second, on attendait peu… Quelques mesures, prêts ou dispenses de taxes, pour les plus touchés par le grand marasme, n’empêcheraient pas la ruine de nombreux petits bourgeois ou artisans, pas plus que la misère pour un petit peuple sans ouvrage.

 

Il tu, en revanche, ce que la cassette royale devait désormais aux Lombards et qu’il faudrait supporter sans gêner et taxer grands bourgeois et puissants manufacturiers. Sans l’impôt, il faudrait réduire à chagrin ce que le pouvoir royal faisait pour le bien du peuple : l’hôpital en était.

 

 Il tu pareillement ce que ces messieurs de la Hanse exigeaient pour le bien et la prospérité de leur commerce. Les Rois ne devaient s’en mêler et devaient leur abandonner la juteuse exploitation du domaine royal : barrages, voies et routes, caisses de secours et même forêts étaient ainsi visées.

 

Devenu leur homme lige, sans avoirs et cassette vide, le Roi était sans pouvoir. Richesses et puissance étaient dans les mains des hommes de banque et d’industrie : petit monde, mais tellement de têtes. Le peuple songeait à cette heureuse époque où, pour se débarrasser de tyrannie, une seule était à couper …