Dimanche 10 janvier : Commémorations et Craintes

Il y a quelques jours, on commémorait les 25 ans de la disparition d’un précédent Roi. Ce dernier avait été pourtant fort brocardé, sur la fin de son règne, et de tous côtés : on le disait d’une époque révolue, on moquait son ascension vers le pouvoir, ses roueries ou son échec à accomplir ses promesses.

Il n’empêche, il avait suscité bien des espoirs, avait fait un peu pour écarter les idées ou esprits les plus conservateurs ou rétrogrades et, au moins, il n’était pas l’affidé servile des lombards et des maîtres de forges.

A cet égard, il faisait tâche dans cette moderne lignée de souverains qui n’étaient que les serviteurs des puissances d’argent.

 

 Le Roi crut bon, lui qui s’était hissé à de hautes fonctions après avoir fait une belle carrière au service de puissants banquiers, de se mêler à l’hommage rendu à ce prédécesseur trop différent. On moqua son initiative et l’on mesura au passage tout le chemin qu’avait suivi en politique nos monarques et ceux des pays voisins.

 

Le pouvoir royal, comme ses possessions et prérogatives étaient à l’encan, cédés aux marchands de toutes contrées. Après les routes et les manufactures royales, venaient les forêts et rivières.

Dans les ministères, au cœur même des cabinets, les bureaux et offices particuliers, représentants de commerce guidaient les pas du haut Conseil.

On envisageait, pour bientôt,de donner à des bandes appointées les pouvoirs de police, comme aux temps les plus reculés des monarchies anciennes.

 

Pire, on apprit que, pour organiser la lutte contre le grand Mal, pour distribuer les potions, on avait, plutôt que faire donner nos intendants, donné de pleines cassettes à quelques camelots qui avaient traité l’affaire de façon toute aussi calamiteuse.

Arrivé à ce point, on craignait pour le futur de notre pauvre pays, privé de moyens et pouvoirs et ruiné par l’actuel fléau. Le futur était craint, plus encore que le présent.