Vendredi 16 octobre : on se sent seul

Mercredi, le Roi, flanqué de deux faire-valoir, avait annoncé ce que les échotiers avaient prévu et publié. Dans les grandes cités, chacun devrait être chez lui à la nuit tombée et on conseillait à tous de limiter le nombre de ses invités lors de dîners et fêtes. Pour le reste, il fallait, quelques en soient les risques, maintenir toute activité pouvant éviter les désastres annoncés de finances et d’industrie, et, pour notre jeunesse, continuer à étudier. On jugea, même chez les Médecins et savants de Cour, que cela n’aurait que peu de poids face à cette nouvelle attaque du Mal. Le lendemain, le Premier, entouré des ministres du Conseil, ne fit que répéter les paroles de son Maître.

 

On mettait peu d’espoir dans ces mesures qui ne feraient, en définitive, que le malheur et la ruine de théâtreux, saltimbanques et cabaretiers. Ceci n’était qu’impuissantes gesticulations.

 

Toutefois, on avait à cœur de nous présenter l’avenir du Grand Mal comme apocalyptique, encore plus qu’il était crédible. On en repoussait l’espoir de fin bien après les calendes et l’on prévoyait surtout de maintenir pleins pouvoirs et mesures d’urgence longtemps encore. On se prit à penser que le spectre agité d’une contagion sans fin avait cela pour but. Il est vrai que bientôt, manufactures en ruines et finances au loin, le petit peuple, en grande misère se lèverait en nombre. On craignait vastes manifestations : tout était bon pour retarder cette échéance.

 

Au lendemain de ces annonces, on se senti bien seul. La maladie courrait encore, touchant grands et petits, nobliaux et pauvres vieillards. L’hôpital au plus mal, on se trouvait comme dans les temps anciens à espérer seulement dans les bonnes pratiques et intuitions de nos carabins ordinaires.

 

 

 

NB : on est pas dans la M .... - je crois que je vais finir une chronique qui ne sera plus drôle : le monde a, par trop changé ...

au fait, cessez de relire Huxley et Orxell ... c'est déjà dépassé