Jeudi 8 octobre : sortie royale.

Hier, Le Roi fut dans les vallées du Sud qui avaient subi, il y a 5 jours déjà, un orage catastrophique et démoniaque. Les vannes célestes s’étaient ouvertes, l’eau avaient dévalé des hautes montagnes vers d’étroites vallées. Elle avait tout emporté, routes et maisons, bêtes et gens, chapelles et cimetières. On recherchait encore les défunts, on était sans nouvelles de parents ou amis. Routes détruites, les villageois étaient sans secours ni subsistances, les troupeaux et bergers isolés dans leurs cabanes de montagne. L’infâme limon avait envahi les maisons et les âmes.

 

Il fallait monter compassion. Le Roi vint en troupe avec ses gens, costumes et masques impeccables. Il parla, comme habituellement après sinistres, de courage et reconstruction, d’avenir et de pistoles. Il reparti, laissant là bêtes et gens à leur triste sort, à leur peur de lendemains.

 

Pour la sécurité du Roi, on avait fermé les accès à ces territoires exigus, empêchant sapeurs et sauveteurs d’accéder à leurs urgences : le Roi ne sorti pas grandi de cette visite.

 

 

 

Quelques heures plus tard, il parla de l’état du Grand Mal, dit qu’il revenait en force et qu’il avait réuni le jour même son cabinet de guerre. Sans plus de précisions, il dit que son Médecin annoncerait ce Jeudi de nouvelles contraintes.

 

Le mal revenait, on n’en doutait plus guère : de nouveau les vieillards succombaient, et les carabins, placés en première ligne, tombaient dans les griffes du Malin. Avec l’accalmie de l’été, on s’était cru tiré d’affaire : carabins au repos, on envisageait de nouveau de réformer, en les réduisant, les hôpitaux et l’on se préoccupait surtout de relancer les quelques manufactures encore debout ou de réduire la dette royale.

 

Pour les mesures de santé, on avait surtout chassé les « sans masques », verbalisé les bouts de nez libertaires, sans se préoccuper d’autres voies d’infection. Certes on chipotait sur la disposition des tables dans les débits de boissons, mais on laissait les gens se presser jusqu’à l’indécence dans les ateliers, dans les relais de diligences ou dans les coches eux même. On était passé du simple lavage de mains au seul port du petit masque, sans dire que l’un et l’autre étaient indispensables. On en payait le prix et l’on craignait de nouveau.

 

Au printemps, on s’était engagé dans la lutte avec détermination et courage : on encourageait les carabins, on avait l’espoir de vaincre.

 

Aujourd’hui, les médecins étaient las, l’hôpital à terre et les erreurs d’hier auraient, à n’en point douter, les mêmes désastreuses conséquences aujourd’hui : L’Etat, le Roi ayant failli, il faudrait nous en tirer nous-mêmes, mais, espérons, avec l’aide de quelques savants.