Mardi 22 décembre : les Pitres ...

épitre sur une affaire datant un peu : l'environnement)

 

Chronique du Royaume :

 

L’enfant roi, il y a déjà de longs mois, s’était vu confronté à des hordes de croquants réclamant à grands cris une directe participation à l’élaboration des lois et principes régissant le royaume. On exigeait que de simples sujets puissent s’assembler et demander un vote de tous sur les propositions qu’ils faisaient.

 

Cette extravagance avait un peu gagné en crédit et l’on se demandait qu’en faire.

 

La jacquerie une fois réduite, le cours des choses repris son cours sans que la colère ne disparaisse. Ce n’est que plus tard, lorsque les ligues de défense de la nature et des animaux, craignant désastre des climats et saisons, se dressèrent en nombre, que l’on se souvint des folles demandes du bas peuple. Pourquoi ne pas s’en inspirer pour calmer les demandes parfois brouillonnes de ces adorateurs des mares et forêts, poules ou pareillement loups, airs purs et coches sans flatulences.

 

On imagina donc une grande consultation, faite à la face du royaume, de simples sujets tirés au chapeau et sommés de réfléchir ensemble à toute mesure utile pour rendre au royaume la pureté de son air et de ses eaux, comme le maintien de son excellent climat. On promit et jura que leurs délibérations seraient suivies à la lettre et qu’au besoin l’on en soumettrait la substance au suffrage du peuple entier.

 

Cet abandon de la puissance royale au profit de simples citoyens impressionna le bon peuple et même les croquants qui en avaient eu l’idée.

 

La chose se fit, on ne prit guère de risque : il fallait instruire cette assemblée sans titres ni connaissances et l’on dépêcha de bons et fidèles experts. L’éléphant fût cornaqué avec soins. Il sorti néanmoins de leur étude toute une litanie de propositions dont quelques- unes ne cadraient guère avec les nécessités d’agriculture et industrie.

 

On avait toutefois évité le pire et l’essentiel des désagréments ne visaient que les simples particuliers.

 

Quelques points cependant faisaient obstacle à un accord et à ce que la parole donnée fût respectée. Leurs promoteurs tempêtaient : il fallait calmer et gagner l’opinion du peuple.

 

Le Roi fit à cette curieuse assemblée l’honneur de sa présence et déclara qu’il intégrerait leur vœu le plus cher et la défense de nature et environnement au premier article de la charte du royaume. On fit grand roulement de tambour pour annoncer la chose, mais l’on prit bien soin de ne pas rappeler qu’elle était déjà bien présente et détaillée dans cette Chartre même.

 

Le peuple était bien ignorant des détails de la Grande Chartre et l’on ne fit que peu d’écho à la parole des juristes qui assurèrent que cette proposition n’apporterait rien.

 

Ce n’était que pitrerie. Il n’empêche : on venait d’inventer une nouvelle manière de gouverner : la plaisanterie du pince-sans-rire.