jeudi 7 janvier : Épiphanie ... des nouvelles du royaume


 

Au lendemain de l’Epiphanie, le royaume avait le réveil difficile : l’anglais avait déserté la vieille Europe mais y avait laissé à profusion les germes de sa toute nouvelle infection.

 

Nos hôpitaux étaient de nouveau pleins à craquer, les vieux en hospices passaient en nombre et l’on ne pouvait qu’espérer en un futur désormais lointain.

 

Il fallait pour cela que les sujets aient pris, en grand nombre la potion protectrice, qu’ils soient ainsi immunisés et n’aient plus à redouter de tomber entre les griffes du Malin, si, toutefois, ce dernier voulut bien s’en tenir à une version semblable à la première.

 

On avait, pour cela, mis en branle tout ce que le royaume comptait d’intendants. On avait même fait appel, à prix d’or, à de savants mathématiciens pour organiser cette vaste entreprise. Las, il s’en fallait de beaucoup pour que tous les calculs, toutes les prévisions et tous les acheminements soient mis en route rapidement et le royaume se trouva bientôt dépassé par tous ses voisins.

 

On se gaussa fort, le Roi se mis en rage, et les ministres, la queue basse, tentèrent de faire croire à une prochaine et rapide remise en ordre. Ils ne furent pas plus cru sur ce point que sur les autres. Il faut dire qu’ils n’avaient guère été judicieux dans leurs choix et dans leurs paroles. Qui pouvait encore croire ceux qui, hier, niaient l’utilité de petits masques protecteurs, louaient la parfaite capacité de nos hôpitaux en lits et carabins, rejetaient toute recherche de médications simples ou soins précoces. L’affaire avait été menée, non sous le sceau d’Esculape, mais sous celui de Mercure, secondé par Intendants et argousins.

De désespoir, on se résolvait à devoir obéir, avaler la potion annoncée et, pour finir, attendre l’été prochain.

 

Et l’on n’espérait rien des annonces du Premier qui viendrait, tout à l’heure, le visage masqué, annoncer de nouveaux couvre*feux, empêchements de danser en rond, fermetures de théâtres ou cabarets.

 

Décidément, cette année, les Rois Mages n’avaient apporté rien de bon, et, comme il faut une morale à l’histoire,  on souhaitait en aparté, pour la charmante tradition de la galette des rois, que  le nôtre se soit quelque peu cassé les dents sur la fève.