Mardi 24 novembre : crétins galonnés : l'arme ultime ?


 

L’expression m’est revenue un jour où je repensais à cet officier d’il y a longtemps : il nous instruisait alors pour faire de nous des « sous-officiers ». L’époque était encore au Service militaire et je n’avais pas crût bon de rejeter l’insigne honneur que l’on me faisait en m’infligeant cette future promotion. Petit et maladif, il était sorti depuis peu de l’Ecole. Il rêvait de batailles rangées, de combat de chars, de gloire et trouvait utile de nous infliger des épreuves physiques peu appropriées, incohérentes, mais à la mesure de l’héroïsme dont il rêvait. J’avais dû refuser quelques peu de rentrer dans son jeu en exprimant à haute voix de valables raisons. Il en fût décontenancé : j’échappais à la punition immédiate, mais le petit lieutenant crû se venger en honorant mon carnet militaire d’une mention « inapte à tout commandement » qui, venant de lui, fait encore ma fierté. C’était un bel exemple de crétin galonné donc, mais ce qui me surprit le plus dans cette affaire, c’est la soumission naturelle que montrait habituellement mes camarades à son égard et leur surprise en me voyant discuter ses parolesCe crétinisme galonné serait-il l’arme ultime de soumission des foules ?

 

C’est la multitude présente d’incohérentes décisions qui me rappelle cet amusant épisode. Dénoncer l’inconscience de jeunes fêtards en oubliant les foules serrées dans et sur les quais de métros, tenir ferme sur le port d’un masque des heures durant alors même que les enfants se pressent épaule contre épaule dans des lieux devenus étroits pour leur nombre ou mégoter sur la distance séparant les gens de leur domicile : on ne peut sûrement pas tenir cela pour cohérent. Il serait aussi utile de rapprocher la valeur et l’opportunité de bien des contraintes édictées avec les limites posées au Gouvernement lors du vote de la Loi autorisant le recours à l’état d’urgence sanitaire, mais bon …   

 

Le pire est sans doute la fameuse attestation que chacun doit remplir de sa main, tenir en toutes circonstances et présenter à la maréchaussée. Il n’échappe pas à toute personne logique que cet acte n’a rien d’officiel ou d’administratif dans la mesure où il émane de la personne elle-même. Elle n’a donc que la valeur d’une simple déclaration, qui pourrait tout aussi bien être verbale sans perdre sa valeur. Imposée depuis des mois, communément admise et supportée par tous, elle est l’image même d’une contrainte absurde, tenue par tout ce qui détient pouvoir ou parcelle d’autorité. Le bilan est consternant à voir le nombre et le prix des PV établis sur des motifs souvent sans lien avec un quelconque manquement aux précautions sanitaires utiles.  Crétinisme donc, comme beaucoup de choses dans cette affaire, mais crétinisme défendu par tout ce que l’appareil d’état comporte d’uniformes …

 

Crétinisme galonné d’un côté, passive soumission de l’autre : l’arme ultime des dirigeants : les présents, pour compenser leur insuffisance passée, mais aussi, à l’affût, les futurs et ceux qui rêvent de l’être  Ce qui fait peur, ce n’est pas vos romans : 1984 et autres, mais que Big Brother ne soit, ou n’ait que l’apparence d’un petit caporal, d’un ancien voisin peut-être, celui de la 25° heure …

 

Au fait, crétinisme n’est peut-être pas le mot : les médecins d’un autre siècle n’utilisaient le terme que pour les pauvres gens de l’Ubac, privés de soleil et sujets à des déficiences mentales … Imbécilité serait plus adaptée, mais ça sonne moins bien