Jeudi 29 octobre : c'est reparti comme ...

Le Roi fit son adresse à l’heure dite. On l’écouta d’abord d’une oreille distraite lorsqu’il fit le tableau de la triste situation dans laquelle on se trouvait face au regain du Mal.

 

De ça, on nous abreuvait déjà à journée faite et jusqu’à la nausée, en agitant sous notre nez les nombres et indices les plus affolants de ceux que l’on avait recueilli le jour.

 

On attendait plutôt de savoir quelles contraintes ou enfermements nous seraient réservé, dans quelles limites et pour quelle durée. La chose arriva vers la fin du discours, après que l’on eu rappelé qu’il fallait que le peuple travaille et que les petits enfants apprennent.

 

Malgré indiscrétions et rumeurs de cour, l’incertitude avait été jalousement entretenue. On suivait en cela les habitudes anciennes, lorsque les Rois battaient monnaie et que, pressé par besoins d’argent, décidaient de rogner les pièces.

 

 Le secret n’était cependant pas difficile à éventer et nombre de bourgeois des grandes cités quittaient déjà la ville afin de se retirer sur leurs terres. Dans les faubourgs, les coches se disputaient le pavé, piaffant d’impatience, avant même que le Roi eu fini de parler.

 

Quant aux mesures d’enfermement, annoncées comme semblables à celles du printemps, le Roi laissa au Premier le soin d’en recopier les détails et de faire enregistrer le tout par quelques parlementaires.

 

La messe était dite, on recommencerait les plaisanteries d’avril : on n’irait promener pas plus loin qu’un quart de lieu, on ne visiterait pas hors de province, même pour fleurir des tombes lointaines comme il était de coutume au jour de Toussaint, on n’irait plus à Messe passé cette fête. Les mesures ainsi décidées, sans grande cohérence ni savante étude, seraient sévèrement tenues par gens de police transformés en géomètres et percepteurs, mais elles ne compenseraient pas la misère de nos hôpitaux et le trop peu de carabins.

 

On les avait encouragé et applaudi avec enthousiasme à Pâques, on les plaignait à la Toussaint.

 

Le Grand Conseil, ne sachant que faire, répetait mécaniquement quelques sottises et avait, dans l’affaire perdu tout crédit en honneur et savoir. Le naufrage de ce pantin entrainaît le Roi lui-même.

 

 

 

Le peuple, résigné, faute de mieux, à combattre le mal avec de faibles moyens  ou inutiles mesures,rêvait en voyant la situation de pays voisins, mieux pourvus que le nôtre en hospices et médecins.

 

Chez l’Allemand, on ne restraignait que peu et sans limite de distance, Chez les Helvètes, on était loin des mesures prises chez nous. Et, pourtant, dans ces deux pays, le nombre de morts emportés chaque jour par cette nouvelle attaque de malin était si faible que l’on se demandait si l’affaire méritait de plus fortes contraintes.